« Le coté obscur diffère en chacun de nous. »
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Le soleil se couchait lentement sur Washington avenue, je tournais à l’angle d’une rue étroite d’un pas pressée, j’étais d’une foutue humeur ce jour là, comme lorsque qu’on vient de passer une journée de merde remplies de désagréments. Je n’eus pas le temps de franchir la ruelle sombre qu’un jeune ténébreux m’heurta de plein fouet.
« Et merde ! Vous ne savez pas faire attention espèce de… » J’eus le souffle coupé lorsque son regard me pénétra. Il avait ce sourire en coin qui me faisait tant fondre à l’époque, et encore à cet instant d’ailleurs. Je fronçais les sourcils, le dévisageait avec un mélange de joie et de crainte. Lui, il me regardait, le visage provocateur comme auparavant, comme si notre rencontre était préméditée, se qui l’était certainement d’ailleurs. Marco et moi restions là pendant quelques minutes lorsque sa voix rauque brisa enfin le silence.
« Alors tu as réussit à te faire ce cher Jackson ? Ca à l’air d’être un costaud celui là… Et puis si j’avais été là… » Je l’interrompis d’une voix ferme, décidée à ne pas terminer ma journée encore plus déplorablement.
« Tu serais encore plus inutile que tu ne l’es déjà ! » Mon ancien équipier élargissait son sourire, certainement enchantée de constater que notre relation n’avait pas changée depuis notre dernière mission. Moi aussi je jubilais intérieurement, je prenais un malin plaisir à me torturer l’esprit avec lui, je le détestais autant que je l’aimais, c’était certainement ça qui faisait de nous le meilleure duo de l’agence Fulcrum. Malheureusement, cette époque était révolue depuis que notre fichu patron nous avait séparés. Il me manquait atrocement, nous étions les mêmes, aussi tarés l’un que l’autre, avec cet humour que seul nous pouvions comprendre, cet humour qui nous poussait à se chercher l’un l’autre, imaginant les pires façons de rabaisser l’autre. C’était notre jeu à nous, que beaucoup de personnes prenaient pour de la méprise, se qui n’était pas totalement faux non plus. Mais au lieu de le prendre dans mes bras, toucher sa peau comme l’envie m’obsédait tant, je répondais d’un ton détaché et sournois :
« Les hommes il faut du temps pour les apprivoiser… Tu oses dire que tu doutes de ma séduction ? Et puis c’est pour son bien… » Nous savions tout les deux que nos missions -qui paraissaient aussi cruels les unes que les autres- étaient pour le bien des « victimes ». Je ne voulais pas que ces connards de CIA utilisent des humains comme de simples objets, leurs mentent pour en faire une arme de guerre. Marco et moi avions subit assez de traitrise lorsque nous étions chez eux, il avait perdu son aimante, et moi j’avais subis assez de mensonges et de souffrances pour ne pas les laisser s’en tirer comme ça. Ma haine contre eux grandissait de jour en jour, j’étais aussi devenue une sorte d’armes de guerre, mais pour exterminer tous ces salauds, ou tout du moins faire déjouer leurs plans. Ils étaient comme des vermines qui se multipliaient par dix mille, des parasites qui vous bouffent de l’intérieur…
Il n’ajouta pas un mot à ma dernière réplique, il baissa légèrement les yeux, perdu dans ces pensées comme je l’étais au même instant. Il devait sans doute songer à celle qu’il avait perdue, la souffrance qu’il avait enduré et qu’il endurait certainement toujours au fond de lui. J’eus un regard compréhensif à son égard, même s’il ne le remarqua sans doute pas. Nous avions tous les deux perdus des êtres chers, et auparavant sa présence m’avait beaucoup réconfortée. Pour chasser le froid glacial qui s’était installé, je m’approchai un peu plus de lui, repris mon ancienne expression provocatrice, comme si rien n’avait interrompu notre conversation.
« Tu m’as manqué ces derniers temps. » Il releva la tête brusquement, me fixa dans les yeux et repris son sourire en coin.
« L’agent Spark me ferait-elle des avances ? » Je ricanai légèrement et lui fit une bonne vielle tape sur l’épaule.
« Si tu appel ça des avances, tu es vite satisfait ! »* * *